Et parfois elles saignent
2023, Performance avec dents en porcelaine émaillée, 7min
L’image que j’ai des dents a toujours oscillé entre désir et déception alors le texte devient un aller-retour entre la vision naïve d’une enfant sur son propre corps et l’interprétation de ces souvenirs qui ont été exagérés par le temps. C’est dans l’écart entre une imagination débordante presque cauchemardesque et le recul sur ces images qui m’ont appartenu que je compose un texte grinçant avec des touches d’humour.
Par une lecture au micro, je décale les attentes du public grâce aux interactions. En les regardant droit dans les yeux quand je leur pose des questions ou quand je leur donne les dents en céramique, le dispositif scénique de la lecture s’interrompt.
Bibliothèque Niemeyer lors d’un événement de L’æncre ouverte le 29 mars 2023.
« […] Alors pour devenir un vampire j’ai taillé mes dents. Avec les pouces tous les soirs dans mon lit je taillais, mes ongles ces silex, je rendais mes dents pointues, je voulais les canines, des belles canines pointues pour planter. Puis un jour j’ai croqué dans une pomme et ma pointe est restée. Je n’étais ni Bella ni Blanche-Neige, ni belle ni endormie, j’avais juste une dent cassée. Les dents ont toujours été une déception pour moi. Toutes les dents.
Les dents de toute taille. Incisives, canines, molaires et prémolaires. Des dents de lait, des dents d’adultes, des dents d’animaux, des dents d’omnivores et de carnivores. Des dents blanches, avec des taches jaunes, grises, brunes. Des dents cariées, des dents anémiées, les dents qui tombent qui poussent qui rebondissent. »
Extraits du texte