2022, Performance avec son et céramiques, 7 min

L’Étoile

Performance à La Peyrigne, exposition Les glaneureuses, 24 juillet 2022, photo : Marguerite Hollemaert

À partir de la carte de L’Étoile du tarot de Marseille, cette performance est une chorégraphie d’eau versée et déversée dans huit cruches émaillées. Les mêmes gestes répétés sont rythmés par la lecture d’un texte enregistré et accompagné d’un chant fredonné en boucle.

La performance dit ce qui est transmis de génération en génération, raconte les objets légués qui ont des histoires, elle dit l’eau qui vient et revient. Sur l’île de la transmission il y a l’insularité linguistique qui se répète. On perpétue, on refait les mêmes choses ça fait des cycles. Les boucles dans les oreilles, les ronds dans l’eau, les cercles dans la terre, toujours et encore.

« On dit la langue maternelle, on ne dit pas la langue paternelle. En tout cas moi je ne la dis pas.

Je parle et j’écris grâce à ma mère, celle à qui j’ai dit mes premiers mots.

Je ressemble aux femmes de ma famille mais qu’est-ce que ressembler sinon prendre quelque chose à quelqu’un ?

[…]

La couleur de ma mère est le bleu. Elle porte depuis toujours un collier dont le pendentif est une goutte de saphir. La pierre est incrustée dans une forme en argent qui ressemble à une larme, je ne l’ai pourtant jamais vu pleurer. La tristesse à son cou, elle me dit que c’est la première goutte de pluie qui tombe d’un nuage. Ma mère a l’odeur du sol après la pluie, son parfum est dans une fiole bleue, ma mère sort sous le déluge pour sentir les perles d’eau glisser sur elle. Je fouille dans sa boite à bijoux. Elle n’en porte plus depuis longtemps, je veux retrouver le saphir. Je sors un anneau en céramique blanc avec des fleurs bleues. Elle ne coince pas, elle glisse sur mon annulaire. C’était sa première bague, elle ne lui va plus maintenant, je peux la garder. »

Extraits du texte

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